Niger : inculpation du directeur du Courrier pour diffamation après une plainte du Premier ministre

Le journaliste, également poursuivi pour “atteinte à la dignité humaine”, doit être transféré mardi à la prison de Say, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey, selon un confrère. Il avait été interpellé dimanche et placé en garde à vue. L’affaire concerne un article publié fin août sur une “fraude de cigarettes” estimée à plusieurs milliards de francs CFA, dans laquelle le nom du Premier ministre avait été cité. Ce dernier a porté plainte, déclenchant la procédure judiciaire. Une presse sous pression Ce dossier intervient dans un contexte de répression croissante des médias au Niger, dirigé depuis le coup d’État de juillet 2023 par une junte militaire. Plusieurs journalistes ont déjà été arrêtés ces derniers mois. En juin, deux reporters de Sahara FM, incarcérés à Niamey, ont été accusés “d’atteinte à la Défense nationale” et de “complot contre l’autorité de l’État”. Début septembre, le parquet a requis cinq ans de prison contre Hassane Zada, journaliste et coordinateur régional du mouvement pro-junte M62, poursuivi pour avoir tenu des propos jugés “injurieux” envers le chef de l’État, le général Abdourahamane Tiani. Libertés restreintes Selon Amnesty International, l’espace civique s’est considérablement réduit depuis le putsch, marqué par une hausse des violations des droits civils et politiques. Une coalition de militants proches de l’ex-président Mohamed Bazoum a dénoncé dimanche “l’installation d’une dictature militaire”. Le Niger, classé 83e sur 180 au classement mondial 2025 de Reporters sans frontières, a perdu trois places en un an.