Bénin : Boni Yayi renonce à la présidentielle de 2026 et appelle à l’unité nationale
Cotonou-Benin (Mapresse.info) – L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi a officiellement annoncé son retrait définitif de la scène électorale, à sept mois de la présidentielle d’avril 2026. Dans un message adressé jeudi à ses compatriotes, il a exhorté la classe politique à privilégier l’unité nationale et le dialogue, dans un climat politique marqué par des tensions autour de la désignation du candidat du pouvoir.

« Je ne cherche rien. Je ne suis candidat à rien, mais je suis à votre service, au service de la République, pour que règnent la paix, la démocratie, la stabilité dans notre pays », a déclaré Boni Yayi, qui a dirigé le Bénin de 2006 à 2016.
Un appel au dialogue et à la consolidation démocratique
L’ancien chef d’État a insisté sur la nécessité d’un dialogue franc, non seulement avec le président Patrice Talon, mais également entre toutes les forces politiques. « Ce ne sont pas les Sud-Africains qui vont construire le Bénin, ce n’est pas l’extérieur », a-t-il martelé, invitant les acteurs nationaux à assumer leur responsabilité dans la préservation de la démocratie.
Boni Yayi a rappelé que le Bénin, dépourvu de grandes ressources naturelles, devait faire de sa stabilité institutionnelle son principal atout. « Ce que nous avons, c’est cette démocratie-là, et nous devons tenir bon », a-t-il insisté, en soulignant que sa « joie » était de voir le pays demeurer « une cité de stabilité constitutionnelle ».
Un retrait qui rebat les cartes pour l’opposition
Cette décision clôt des mois de spéculations sur un éventuel retour de Boni Yayi, qui reste une figure influente de l’opposition et président d’honneur du parti Les Démocrates. Son renoncement ouvre une phase de consultations internes pour désigner un candidat capable de rivaliser avec Romuald Wadagni, le ministre d’État en charge de l’Économie et des Finances, désigné par le camp présidentiel.
Wadagni, 49 ans, considéré comme l’architecte des réformes économiques de la présidence Talon, est diplômé de Grenoble et de Harvard. Réputé proche du chef de l’État, il a été distingué en 2024 comme Meilleur ministre africain des Finances. Mais sa candidature suscite déjà des critiques de l’opposition, qui l’accuse de conflit d’intérêts et de manquer d’ancrage politique.
Talon s’efface, Wadagni en première ligne
Le président Patrice Talon, élu en 2016 et réélu en 2021, a confirmé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, conformément à la Constitution. Sa sortie de scène ouvre la voie à une transition politique inédite depuis 1991, année du retour du Bénin au multipartisme.
Dans ce contexte, le retrait de Boni Yayi est perçu comme une tentative d’apaiser les tensions et de réaffirmer l’importance de la stabilité démocratique, alors que l’opposition peine à s’unir. La désignation d’un candidat unique pourrait s’avérer décisive pour affronter le camp présidentiel.
Un enjeu régional
Le Bénin, souvent présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, traverse depuis quelques années une période de crispations politiques, notamment autour des réformes électorales et des restrictions imposées aux partis d’opposition. Le scrutin de 2026 sera donc scruté de près, non seulement à Cotonou mais aussi par les partenaires régionaux et internationaux, soucieux de la stabilité dans un espace ouest-africain déjà fragilisé par les coups d’État militaires dans le Sahel.
En conclusion de son message, Boni Yayi a lancé un vœu simple mais symbolique : « Que la paix règne ».
Source: Mapresse.info
Bénin (MapResse.info)