Côte d’Ivoire : Charles Blé Goudé appelle au « changement dans les urnes » après sa disqualification pour la présidentielle d’octobre 2025

L’ex-leader des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, dont la candidature avait été écartée dès l’étape de la Commission électorale indépendante (CEI), a dénoncé une « disqualification injuste ». Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures sur les soixante déposées. Parmi les recalés figurent plusieurs figures majeures de la politique ivoirienne, dont Laurent Gbagbo (PPA-CI), Pascal Affi N’Guessan (FPI) et Tidjane Thiam (PDCI-RDA). La candidature de Blé Goudé a été jugée irrecevable en raison de sa condamnation à 20 ans de prison par contumace pour des faits liés à la crise post-électorale de 2010-2011.

Blé Goudé, pourtant acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs années de procès, a dénoncé une décision « profondément injuste ». « Mon dossier a eu pour sépulture l’étape de la liste électorale provisoire », a-t-il déclaré, rappelant qu’il avait été écarté du processus malgré son retour d’exil et sa volonté de participer à la vie politique nationale.

Solidarité avec les recalés et appel au rassemblement

Dans son adresse, l’ancien ministre de la Jeunesse a exprimé sa solidarité aux autres candidats recalés, citant notamment Laurent Gbagbo, Affi N’Guessan et Tidjane Thiam. Il a aussi salué les efforts de figures émergentes comme Assalé Tiémoko et Vincent Toh Bi, qu’il estime porteurs d’une nouvelle dynamique politique.

« Être écarté injustement du processus électoral malgré les efforts, les espoirs et l’engagement, est une épreuve dont nous connaissons et comprenons bien la douleur au COJEP », a-t-il lancé, tout en invitant les Ivoiriens à ne pas céder au découragement.

Le choix des urnes contre la violence

Blé Goudé, qui fut longtemps perçu comme un acteur clivant de la crise ivoirienne, a tenu à repositionner son discours sur le terrain de la paix et de la réconciliation. « La seule voie pour parvenir au changement sans faire couler une seule goutte de sang d’aucun Ivoirien est celle des urnes », a-t-il affirmé, en insistant sur la nécessité d’un scrutin crédible, transparent et sécurisé.

Il a par ailleurs interpellé la Commission électorale indépendante sur sa « lourde responsabilité » afin d’éviter un nouveau conflit post-électoral.

Vers une convention du COJEP et des alliances d’opposition

En l’absence de sa candidature, Blé Goudé a annoncé que son parti tiendra une convention le 4 octobre prochain à Yamoussoukro pour désigner le candidat à soutenir parmi ceux retenus. Avant cette échéance, il a promis de rencontrer personnellement les différents leaders de l’opposition pour favoriser une dynamique d’unité.

« L’heure n’est plus aux accusations et aux polémiques. L’heure est au rassemblement pour le changement dans les urnes », a-t-il insisté, appelant les électeurs à une mobilisation massive le 25 octobre.

Contexte politique tendu

L’élection présidentielle de 2025 s’annonce décisive pour la stabilité de la Côte d’Ivoire. Quinze ans après la crise meurtrière de 2010-2011 et cinq ans après les violences de 2020 qui avaient fait officiellement 85 morts, la confiance dans le système électoral demeure fragile. L’exclusion de plusieurs poids lourds de l’opposition alimente les tensions, même si les cinq candidats retenus entendent désormais concentrer leurs efforts sur la campagne.

Charles Blé Goudé, réhabilité politiquement après son retour d’exil en 2022, tente de s’imposer comme un acteur du dialogue et de la réconciliation. Sa mise à l’écart de la course à la présidence pourrait renforcer son rôle de faiseur de rois au sein de l’opposition, à travers le choix du candidat que le COJEP soutiendra.

MC/MPI