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Côte d’Ivoire : Amnesty International appelle les candidats à la présidentielle à placer les droits humains au cœur de leur mandat

Abidjan-Côte d'Ivoire (Mapresse.info) – À un peu plus d’un mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre en Côte d’Ivoire, Amnesty International a publié un manifeste appelant les candidat·e·s à s’engager clairement en faveur des droits humains. L’organisation internationale décline six priorités jugées urgentes pour le futur gouvernement, allant de la liberté d’expression à la protection de l’environnement.

M'ma Camara
15/09/2025 11:50
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Côte d’Ivoire : Amnesty International appelle les candidats à la présidentielle à placer les droits humains au cœur de leur mandat

Dans un communiqué dont Mapresse.info a reçu copie, Amnesty International souligne que « Au cours des cinq prochaines années, le ou la président·e devrait s’attaquer aux violations des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, mettre fin aux expulsions forcées, soutenir les victimes des violences électorales, protéger les droits des femmes, des enfants et garantir le droit à un environnement sain », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Libertés publiques menacées

 

Amnesty dénonce l’usage répété de dispositions légales pour museler les voix critiques. L’article 183 du Code pénal criminalise la diffusion de « fausses nouvelles » avec des peines allant jusqu’à trois ans de prison, tandis que les articles 197 à 199 punissent de prison la participation à des manifestations non déclarées. De plus, une ordonnance ratifiée en 2025 autorise les autorités à dissoudre des organisations de la société civile par simple décret, sans possibilité d’appel.

L’ONG demande aux candidats de s’engager à réviser ces textes afin de garantir pleinement le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

 

Expulsions forcées

 

Les vastes opérations de démolition menées en janvier 2024 dans plusieurs quartiers d’Abidjan, notamment à Gesco et Boribana, ont laissé des milliers de familles sans logement, souvent sans indemnisation ni relogement. Amnesty appelle à mettre fin à ces expulsions arbitraires et à garantir une indemnisation équitable, un relogement sûr et proche des moyens de subsistance.

 

Vérité, justice et réparations

 

Plus de dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 et cinq ans après les violences de 2020 qui ont fait officiellement 85 morts, les victimes attendent toujours vérité et réparations. Amnesty regrette que la loi d’amnistie de 2018 ait effacé de nombreuses poursuites et que la Côte d’Ivoire ait retiré en 2020 sa déclaration permettant aux individus de saisir directement la Cour africaine des droits de l’homme. L’organisation demande le rétablissement de cette compétence et un renforcement des mécanismes nationaux de réparation.

 

Droits des femmes et égalité de genre

 

Malgré des avancées législatives, les violences sexuelles et sexistes persistent. Amnesty dénonce notamment l’article 403 du Code pénal qui entérine une présomption de consentement conjugal, et le coût élevé du certificat médical (50 000 FCFA) souvent exigé pour déposer plainte pour viol. L’ONG recommande de supprimer ces obstacles et de renforcer les services de soutien, y compris des centres d’hébergement et des lignes d’urgence.

 

Droits des enfants

 

Le travail des enfants reste massif, notamment dans l’exploitation artisanale de l’or, l’agriculture et le travail domestique. Par ailleurs, des milliers d’enfants ne sont pas déclarés à l’état civil, devenant ainsi des « enfants fantômes » privés d’éducation, de soins et de protection sociale. Amnesty appelle à des enquêtes judiciaires, à la lutte contre l’exploitation des enfants et à une meilleure accessibilité de l’enregistrement civil dans les zones rurales.

 

Environnement et communautés locales

 

Enfin, l’ONG pointe la déforestation liée à la culture du cacao et l’exploitation forestière illégale, ainsi que la pollution des cours d’eau par les produits chimiques utilisés dans l’orpaillage. Amnesty demande un renforcement de l’application des lois, des mécanismes de consultation et de compensation pour les communautés locales, et l’intégration des initiatives communautaires dans les politiques publiques de lutte contre le changement climatique.

« Les recommandations de notre manifeste ne sont pas exhaustives mais elles fournissent une feuille de route au futur président ou à la future présidente », conclut Marceau Sivieude. « Ces élections offrent l’occasion de renforcer le respect des droits humains en Côte d’Ivoire. Nous appelons tous les candidat·e·s à s’engager en ce sens. »

Source: Mapresse.info

Côte d'Ivoire (Mapresse.info)

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