Dans son allocution, le colonel Goïta a rendu un hommage appuyé au président Modibo Keïta et à ses compagnons de lutte, rappelant que « les idéaux défendus par les pères fondateurs demeurent notre boussole ». Il a placé les Forces Armées et de Sécurité « au cœur de l’action gouvernementale », réaffirmant l’ambition d’édifier une armée capable de « défendre le territoire, protéger les intérêts fondamentaux du Mali et contribuer à la stabilité régionale ».
Face aux « récentes attaques lâches des groupes armés terroristes », le chef de la Transition a salué la montée en puissance des forces maliennes et la coopération sécuritaire renforcée avec les pays voisins de l’Alliance des États du Sahel (AES). Il a notamment cité le plan Dougoukoloko, adopté en 2024, qui a permis selon lui de « restaurer l’autorité de l’État », ainsi que l’opération An Siguignogon, menée en coordination avec le Niger et le Burkina Faso.
Une souveraineté revendiquée au plan diplomatique et économique
Le colonel Goïta a également insisté sur l’affirmation du Mali sur la scène internationale. « Nous inscrivons notre action dans la préservation du bon voisinage tout en exigeant en retour le respect de notre souveraineté », a-t-il martelé, dans un contexte de repositionnement géopolitique marqué par la rupture avec plusieurs partenaires occidentaux et le rapprochement avec de nouveaux alliés.
Sur le plan économique, le chef de l’État a vanté la « résilience » du pays, malgré les pressions sécuritaires et géopolitiques. Le Mali devrait afficher une croissance de 6 % en 2025, selon ses chiffres, contre un déficit budgétaire contenu à -2,7 %. Il a salué la digitalisation de la collecte des recettes publiques via la plateforme Trésor-pay et mis en avant la réforme du secteur minier à travers un nouveau Code minier destiné à mieux contrôler les ressources nationales.
Réformes sociales et énergétiques en vitrine
Dans un registre plus social, Assimi Goïta a insisté sur la modernisation du système de santé, avec l’annonce de la construction ou réhabilitation de plusieurs hôpitaux régionaux et de district. Il a également évoqué l’amélioration progressive de la fourniture d’électricité grâce à de nouvelles centrales solaires et à la création de l’Agence nationale des Énergies Renouvelables.
Le président de transition a par ailleurs souligné les efforts entrepris pour « donner une place centrale à la jeunesse et à la femme », citant la construction de centres de formation professionnelle, la pacification de l’espace universitaire et la modernisation de l’administration publique.
Une indépendance placée sous le signe de la refondation
Ce 65ᵉ anniversaire de l’indépendance coïncide avec l’adoption récente de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, présentée comme un instrument clé pour stabiliser le pays. Le chef de l’État a salué les « efforts inlassables des femmes et des hommes » œuvrant pour la pacification et a promis de poursuivre les réformes de la justice, notamment dans la lutte contre la corruption, la délinquance économique et les litiges fonciers.
« Ensemble, nous ferons le Mali Kura », a-t-il conclu, en appelant à l’unité nationale et à la résilience collective.
Un message adressé autant à l’intérieur qu’à l’extérieur
Pour les observateurs, ce discours d’indépendance s’apparente à un exercice de réaffirmation politique, dans un Mali en pleine transition, engagé dans une lutte acharnée contre les groupes armés terroristes et désireux de redéfinir ses partenariats. Le colonel Goïta cherche à convaincre à la fois son opinion publique et la communauté internationale de la viabilité de son projet de « refondation » nationale.
MC/MPI